La science en apesanteur, une aventure spatiale arrivée à maturité

Depuis 20 ans, il fait le tour de la Terre pour développer la science: la Station spatiale internationale (ISS), qui s’apprête à accueillir Thomas Pesquet, est devenue au fil du temps un laboratoire pionnier, où le manque de poids n’a cessé de pousser l’appétit. des chercheurs.

Depuis sa construction en 1998, plus de 3 000 expériences ont été menées à 400 km d’altitude. Certains se sont tournés vers la Terre, d’autres vers l’exploration spatiale, avec la Lune et Mars désormais en vue.

La Station a atteint son âge d’or, après une longue période de croissance. «Fonctionnant à 100% de sa capacité, l’utilisation du laboratoire comme initialement pensé est optimale», note Sébastien Vincent-Bonnieu, qui coordonne les expériences scientifiques à l’Agence spatiale européenne (ESA).

L’intérieur de l’ISS, aussi grand qu’un terrain de football, ressemble à des ruches où les astronautes occupent tout l’espace, et leur tâche principale aujourd’hui est de mener des expériences, pilotées par des chercheurs de la Terre. Et pour servir de « cobayes ».

La deuxième mission de Thomas Pesquet, « Alpha », s’annonce chargée, avec une centaine d’expériences au programme.

Parmi eux, « Aging in the Brain », pour étudier le vieillissement des cellules nerveuses d’un cerveau. Ou encore « Telemachus », une pince acoustique pour la manipulation d’objets sans contact, « Eco Pack », une nouvelle génération de packaging, d’élevage de blob, d’organisme unicellulaire qui fascine les biologistes …

« Certains se demandent ce que Thomas Pesquet va faire de mieux que lors de sa première mission, Proxima. Mais rien de vraiment, c’est le même travail », a déclaré Sébastien Barde, responsable de Cadmos, structure CNES responsable du micropensanteur. Activités.

Six techniciens de laboratoire de l’ISS se relaient, certains commencent le traitement, d’autres le terminent. «Les expériences sont conçues pour le long terme, indépendamment des missions. La science y gagne beaucoup», conseille l’ingénieur Cadmos.

L’étude de l’apesanteur, ou micrographie, est «passée d’un âge innovant à quelque chose d’industriel», avec des méthodes de mesure de plus en plus précises: «Il y a vingt ans, il n’y avait pas d’échographe à bord du navire».

Claudie Haigneré, première Française à voler dans l’espace, se souvient de l’ISS «mal équipée» à ses débuts, et «admire ce qui est venu, avec des laboratoires d’exception».

Les astronautes «cobayes» attendent également plus longtemps: six mois, contre deux semaines pour les premiers vols du personnel; mesurer les effets de la microgravité sur leur corps est bien plus pertinent.

Là-haut, la machine humaine, hyper-adaptée à la gravité, est secouée comme dans un shaker, et la dégradation observée dans les os et les artères est proche du vieillissement cellulaire. A la différence, lors du retour sur terre, le phénomène est réversible.

« Voilà ce qui est intéressant: étudier ce que le corps met en jeu pour se remettre en équilibre, avec des pistes de traitement possibles », analyse Sébastien Barde.

«Tant au début de l’ère spatiale, le médical avait besoin d’aller dans l’espace, tellement aujourd’hui, c’est l’espace qui amène le médical car le manque de poids permet de mieux comprendre les maladies», le président sortant du CNES Jean- Yves Le Gall a souligné France Inter.

Ostéoporose, traitement contre la salmonellose, systèmes de purification de l’eau … En 20 ans, « des découvertes majeures y ont été faites », selon l’historien américain Robert Pearlman, et d’autres semblent « prometteuses », comme l’impression 3D d’organes.

Des voix se sont élevées contre le coût de l’ISS, qui est considéré comme disproportionné à la lumière des résultats, alors que la NASA cherche à se désengager pour se concentrer sur l’exploration à distance.

En 2019, l’ancien astronaute Patrick Baudry a qualifié la Station de «canard». « Depuis une station Mir soviétique, nous savons déjà tout ce qu’il y a à savoir sur les effets de la microgravité sur le corps », a-t-il critiqué.

« Discuter du coût est une chose, mais dire que nous avons fait le voyage est un peu idiot. C’est comme demander si un télescope devait être agrandi parce qu’on aurait vu + assez + d’étoiles! », Répond le responsable Cadmos.

Pour certains scientifiques, il insiste sur le fait que l’ISS, qui devrait s’achever en 2028, est « le seul moyen d’accéder à leurs thèmes de recherche », en médecine mais aussi en sciences des matériaux, surmonter la gravité est essentiel pour eux.

Ainsi, une communauté voudra toujours étudier les phénomènes sans gravité, selon le physicien Sébastien Vincent-Bonnieu, qui note également un intérêt «croissant» pour les expériences orbitales. À l’ISS ou ailleurs, comme la future station orbitale lunaire.

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